Brise-glace en Arctique (2)

 
Les riverains de la mer Baltique vont constituer à Copenhague en 92 le Conseil des États de la mer Baltique, à l'initiative des ministres allemands et danois des affaires étrangères. Les membres du Conseil sont les 11 états de la région : Danemark, Estonie, Finlande, Allemagne, Islande, Lettonie, Lituanie, Norvège, Pologne, Russie, Suède ainsi que la Commission Européenne. Le Conseil n’a pas de budget propre. Chaque pays met donc en œuvre ses propres moyens maritimes. 

La partie septentrionale de la mer Baltique gèle tous les ans et lors d’hivers rigoureux la mer peut être entièrement couverte de glace. Mais le commerce maritime ne diminue pas et la navigation vers les ports finlandais est facilitée par l’assistance des brise-glace. Un service de pilotage s’organise dès 1696 alors que la Finlande fait encore partie de la Suède L’administration maritime, le Merenkulkulaitos, a été créée après l’indépendance de la Finlande en 1917. Il comprend 3 services : le pilotage, les phares et balises, et les brise-glaces. En 1990, le Merenkulkulaitos se sépare des services de pilotage et des brise-glace. Finnpilot et Fintaship deviennent 2 structures indépendantes, mais appartenant toujours à l’État. .Finstaship offre un large panel de service de brise-glace en assurant les opérations maritimes et en permettant aux passagers d’atteindre leur destination. 

 

Urho Urho
Depuis des décennies, la Finlande est une des nations leader dans la construction et le développement technologique de brise-glace. En 1898, la Finlande acquiert le premier brise-glace d’Europe, équipé d’un propulseur d’étrave qui donne plus d’agilité et de puissance. Les premiers brise-glace étaient à vapeur et se posaient brièvement sur la glace pour la casser. En 1938, la Finlande réalise le premier diesel-électrique, plus agile et économique avec un meilleur champ d’action opérationnel. L’étape suivante est la construction des classe TARMO dans les années 1950s et 1960s, suivis des URHO et SISU en 1975–76 après l’autorisation de naviguer toute l’année dans les ports Golfe de Botnie. Construit par Wärtsilä à Helsinki, URHO, sert à ouvrir les routes l’hiver. Propulsé par 5 Diesel électrique 12-cyindres développant 17.100 kW (23.250 hp.), connectés à 4 moteurs électriques de 5.500 hp chacun, il peut atteindre 18.5 nœuds.

Otso

Une nouvelle génération voit le jour avec OTSO et KONTIO (15,000 kW) en 1986–87 plus économes que leurs prédécesseurs pour la même puissance grâce à 4 moteurs 16 cylindres. Les propulseurs avant, courant sur les brise-glace récents, ont été remplacés par un système de jet d’air qui diminue la résistance de la glace. Cette résistance est également réduite par des modifications dans la forme de coque. L’équipage est de 28 hommes.

23 des 60 ports de commerce finlandais restent ouverts toute l’année ; ils sont visités par environ 9000 navires transportant 27 millions tonnes de marchandises.

Fennica

En 1993, la Finlande obtient son premier brise-glace multifonctions, FENNICA, suivi l’année suivante par son sister ship, NORDICA
Combinaison de brise-glace et de navire de soutien offshore, FENNICA, lancé le 10 novembre 1992, est capable de briser des glaces de 1,8 m d’épaisseur.  La forme de coque, le système de propulsion par moteurs électriques (Azipod) leur permet de naviguer en pleine mer et de tourner à 360 degrés. En eau libre, il peut atteindre 16 nœuds et il peut recevoir 120 personnes à bord. 
BOTNICA, équipé aux chantiers Aker de Rauma en 98 de 12 Carterpillar 12 cylindres et de 2 propulseurs d’étrave Azipod, avec une vitesse de 10 nœuds, peut recevoir 72 personnes ; il sert également pour les travaux sous-marins.
FENNICA, NORDICA et BOTNICA passent la saison des eaux libres en mer du Nord dans différents travaux pour les champs de gaz et de pétrole. FENNICA est spécialisé dans la pose de tuyaux de gaz et de pétrole à plus de 1 km de profondeur ; NORDICA est équipé comme un câblier d’une charrue pour ensevelir tuyaux et câbles. BOTNICA participe à la maintenance des pipelines. 

Suur Toll

En Estonie, SUUR TOLL est le plus grand brise-glace préservé, aux pavillons multiples successifs : russe à sa construction, finnois en 1918, estonien en 1922 où il est renommé Suur Toll, pour assurer une navigation hivernale régulière pour Tallinn jusqu’à l’annexion par l’URSS en 1940. Il devient alors VOLYNETS, attaché à Leningrad. Entre 1951 et 1952 il subit une remise à neuf à Rauma, Finlande puis est désarmé en 1985 avant de revenir à Tallinn où il devient musée en 92. Ses 3 machines à vapeur triple expansion d’origine et les espaces intérieurs sont préservés. Tonnage 2.391 grt, 838 net, dim. 75.4 x 19.2 x 5.7m., longueur 72.1 m. Vitesse 13,5 nœuds. Trois hélices, une à l’avant, deux à l’arrière. 9 officiers et 34 hommes d’équipage.
En Pologne, PERKUN construit en 1963 à Appledore est enregistré à Szczecin. Le navire, long de 56,5 m est propulsé par deux hélices. En 82, il est affrété par l’académie des sciences polonaises pour diverses croisières scientifiques au Spitsberg et PERKUN ravitaille la Station polaire du fjord Hornsund. Il sert aussi pour Petrobaltic lors de la construction d’une plate-forme de forage au large de Baltiysk (Kaliningrad). Il est le premier brise-glace à rejoindre l’Amazone.

Perkun

SVALBARD

Le brise-glace et patrouilleur SVALBARD entre en service pour les forces armées norvégiennes en 2002. Il peut servir pour le sauvetage en mer et dans la lutte contre les incendies. Sa zone d’opération comprend l’Arctique au nord de la Norvège, la mer de Barents et l’île Svalbard.

Déplacement: 6500 tonnes Longueur: 103.7 m Alimentation électrique : 4 générateurs diesel de 3390 kW Propulsion: 2 Azipod Vitesse : 17.5 nœuds

 

Wärtsila livre à la Suède les brise-glace Oden en 1957, TOR en 1964 et Njord en 1969 pour garder les ports du Golfe de Botnie ouverts l’hiver. Cet équipement ne résout pas toutes les difficultés quand la mer Baltique est couverte de glace. Ainsi ATLE arrive en 1974 suivi de Frej en 1975 et Ymer en 1977. TOR est un Diesel-électrique long de 84,5 m avec deux propulseurs avant et deux à l’arrière. ATLE est long de plus de 104,5 m et atteint 18,5 nœuds.

ODEN, construit en 1988 à Gotenborg pour Svenskt Isbrytarkonsortium KB, est un brise-glace engagé par l'Académie Royale des Sciences pour accompagner les opérations de  recherches polaires. L'Administration maritime suédoise, Sjöfartsverk, dirige ses brise-glace depuis Göteborg.
Dépl. 13,000 tonnes 108 m x 31.5 m ;4 diesels Sulzer, deux hélices, 24,500 ch, , 17 nœuds; équipage : 25. 

Le brise-glace STETTIN est construit par le chantier Stettiner Oderwerke en 1933 pour la Chambre de Commerce de Stettin (jusqu’en 1945 en Allemagne, depuis 1945 Szczecin, Pologne). L’ économie de Stettin dépend fortement de l’accès à la mer Baltique et les brise-glace sont dès lors utilisés pour maintenir les chenaux libres pendant l’hiver. 
STETTIN se caractérise par une forme de proue appelée proue Runeberg où la glace n’est plus cassée par le poids du bateau mais par une étrave coupante, permettant de couper un demi-mètre d’épaisseur de glace. Le brise-glace est motorisé par un moteur à piston qui peut être renversé en une courte période, utile dans les manœuvres. L’équipage est de 24 hommes. De 1933 à 1945, Stettin sert sur l’Oder entre Stettin et Swinemünde (Swinoujscie), ainsi qu’en mer Baltique, pour la Kriegsmarine. Il est devenu un musée à Hambourg

Le POLARSTERN est un brise-glace allemand moderne mis en œuvre par l’Institut Alfred Wegener comme navire de recherche, navigant souvent en Antarctique.
 

A la différence de l’Antarctique, le pole Nord n’est pas un continent mais un point au milieu de l'océan Arctique et couvert en permanence par la banquise. Cet océan est bordé à l’est par la Russie (mers de Barents, de Kara, de Laptev, de Sibérie Orientale), au Sud-est par les archipels de la terre François Joseph et du Spitsberg, au Sud-ouest par le Groenland, à l’Ouest par le Canada. Face à la Russie, mais aussi pour ses propres besoins, le Canada engage depuis longtemps des navires spécialisés.

Ainsi en 1876 le NORTHERN LIGHT, un ferry en bois, est mis en service entre Georgetown et Pictou dans le détroit de Northumberland. La machine compound de 700 chevaux n’était pas assez puissante et la carrière du premier brise-glace canadien est émaillée de pannes, d’une consommation de charbon élevée. Par deux fois en 1881, les passagers se retrouvent bloqués. NORTHERN LIGHT sera remplacé en 1888.

La Garde Royale Canadienne avait besoin d'un navire pour approvisionner ses postes du Grand Nord ; elle commanda le ST. ROCH de la Burrard Dry Dock Company. Construit en épaisses planches de pin de Douglas recouvert de gommier australien presque inusable, il était très résistant, mais son moteur diesel de 150 chevaux à peine ne développait pas assez de puissance. De 1928 à 1948 il sert de navire d'approvisionnement dans l'Arctique et de poste de police flottant. Le navire navigue vers l'est par le passage du Nord-Ouest en 1940-1942 et, second navire à franchir le passage, revint vers l'ouest par le même chemin en 1944. Retiré en 1948, le ST. ROCH est envoyé à Halifax par le canal de Panama en 1950 : il devient le premier navire à contourner l’Amérique du Nord avant d’être ancré définitivement dans un musée de Vancouver. 
Engagé dans la guerre froide, le Canada avait besoin de patrouiller dans l'Arctique pour entretenir ses bases militaires et pour défendre sa souveraineté. La marine commande le LABRADOR qui entre en service le 8 juillet 1954. Conçu sur les plans des patrouilleurs arctiques américains, il possède un hélicoptère embarqué, des moteurs diesels-électriques très puissants, des ballasts. Le navire (à la fois laboratoire flottant, hôpital, transport, sauvetage, école et navire d’exploration) monte vers le nord avec 20 officiers, 12 hommes de science et environ 200 marins. Au cours de ce voyage inaugural, le LABRADOR devient le premier navire militaire à traverser le passage du Nord-Ouest. En 1958 la marine transfère le Labrador à la Garde côtière canadienne. Basé à North Sydney, il aide aux services de navigation en hiver dans le Golfe de St Lawrence et en été en Arctique. Il sera démoli à Taiwan en 1989.

 

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